L'école-maison pour partir

Texte écrit par Guillaume-Charles Picard de "J'aime mon prof"

Avec son lot de préjugés, l'éducation à domicile a eu la vie dure dans l'opinion publique. Pourtant, lorsqu'on discute avec les parents qui en ont fait le choix, les pendules sont vite remises à l'heure juste.

Je vais l'exprimer candidement, on a voulu lui donner mauvaise presse tout simplement pour ne pas créer d'engouement (imaginez ce qui se produirait dans le système). Les «spécialistes » s'en sont mêlés et la majorité de la population a cru des déductions qui n'avaient pas été mesurées dans la réalité, mais plutôt dans la fabrication de fausses généralisations.

Non il n'y a PAS plus de carences de sociabilité en mode école-maison chez les jeunes. Ce terme, école-maison, porte d'ailleurs à confusion, car en fait, la liberté, l'aventure, la découverte et l'ouverture sur le monde en sont des trames de fond. Peut-être devrait-on parler d’éducation hors-système ?

Quoiqu'il en soit, j'aimerais vous parler du bonheur de la « vraie » éducation.

Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis enseignant multidisciplinaire avec 13 ans d'expérience. En 2010, afin de me « sortir » du système de l'éducation, j’ai créé J'aime mon prof, une entreprise plutôt originale qui accompagne les familles pour une saine éducation. Ainsi, j'ai le grand privilège d'être libre de mes opinions et de ne pas être influencé par ceux qui me « nourrissent ». En plus d'aider des familles dont les enfants fréquentent une école, j'oeuvre également depuis 7 ans pour les familles de l'école à domicile. J'ai d'ailleurs eu l'opportunité d'être prof à temps plein pendant 5 ans pour une de ces familles. Nous avons même fait un voyage en Espagne tous ensemble! Ceci étant dit, lorsque Faventure m'a demandé d'écrire un article pour ceux qui seraient tentés de partir pour une durée prolongée avec leurs enfants, des étincelles sont apparues sur mes pupilles.

N'est-ce pas la plus belle chose de quitter l'ordinaire de la vie pour la grande aventure, en accord avec nos choix personnels, intuition employée comme un pouvoir, préparation en support et papillons dans le ventre? Partager le spectacle grandiose des paysages, l'air frais et/ou salin, ainsi que les rencontres inoubliables avec ceux qu'on aime (et avec soi-même) n'est pour moi rien de moins que le summum de l'existence!

Bon, la première chose qu'il faut savoir, c'est que lorsque l'on quitte la province de Québec avec son ou ses enfants, on n'a plus de comptes à rendre au ministère de l'éducation! Pas beau ça?!

Et encore plus beau, au retour, il n'y a pas de rapport à rendre sur ce que vous avez enseigné en voyage, ni sur ce que votre enfant a appris. En fait, au retour seulement, il faut simplement signaler votre présence dans la province à la DEM et remplir votre projet d'apprentissage.

Ici je vais vous surprendre. J'ai souvent enseigné des choses que je ne maîtrisais pas et pour lesquelles mes élèves ont appris 2 fois plus. Eh oui!

Cela s' explique simplement. En apprenant en même temps qu'eux, j'ai non seulement tourné et retourné la matière à l'étude, mais je leur ai appris à apprendre. Et ça, c'est très puissant en pédagogie. D'abord, ça secoue l'autonomie car l’élève participe à l’enseignement. Il devient pour un temps un co-pédagogue. Ensuite, ça ouvre le canal de
communication avec l'enfant parce que le pédagogue se place « au même niveau ». Il y a moins d'égo, plus de parité, et cela enchante les élèves. Encore faut-il rester confiant pourne pas leur inculquer de l'insécurité, mais cela s'apprend aussi... Finalement, ça suscite la curiosité et le goût de réussir chez l'élève parce qu'il n'est plus seul à vouloir atteindre un
objectif. Il faut l'expérimenter pour le comprendre.

Pour enseigner de manière équilibrée, il faut du lâcher-prise (qu'on ne peut pas tout comprendre à tout moment), mais aussi l’acceptation d’être un apprenti-pédagogue. Ajoutez à cela une préparation solide et des pensées positives; vous avez là un excellent mélange à réussite. Vous verrez que vous évoluerez vite. En fait, la chose la plus importante à retenir est la suivante: vous enseignerez en priorité ce que vous maîtrisez déjà, et ce dans tous les domaines de la vie. C'est ici qu'on ouvre sur le plus beau volet de l'éducation « à domicile » (ou en voyage!): la liberté de contenu.

Divisons le contenu d'apprentissage en 2 volets, soit A et B.

A- Ce que le ministère oblige
B- Ce que vous décidez d'enseigner et/ou de faire vivre

Comme je l'ai mentionné plus haut, le volet A n'existe pas lorsque vous voyagez en dehors de la province (cela ne veut pas dire de ne pas l'enseigner, mais ce n'est pas obligatoire). Quant au volet B, bien souvent trop négligé, il contient tout ce que l'enfant a envie d'apprendre, de vivre et de réaliser (et aussi ce que le pédagogue a envie d'inculquer). À partir de là, il y a des stratégies à choisir selon chaque cas. La stratégie en pédagogie, c'est primordial, et malheureusement mis de côté dans le système scolaire.

Alors voilà, c'était un bref aperçu de l'école-maison dans un contexte de voyage. Rappelez-vous que même si vous ne partez pas, il y a toujours des choses à apprendre et à retenir lorsqu'on fait une activité familiale (et je ne parle pas nécessairement d'intellectualité): à vous de devenir de meilleurs pédagogues pour vos enfants, car on n'a jamais fini de s'améliorer et de semer le meilleur pour nous, même en tant que parent.

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On se revoit bientôt !

Bonne Aventure !